Ce 28 septembre est la journée mondiale pour le droit à l’avortement. A l’occasion, nous avons rencontré la Présidente du conseil d’administration de la Communauté d’Action pour la Promotion de la Santé Sexuelle et Reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF), Mariam Nonguierma. Dans cette interview, elle nous donne des éclairages sur l’Interruption sécurisée de la grossesse, la santé sexuelle et reproductive, et les methodes contraceptives qui sont des moyens d’éviter les grossesses.
Sidwaya (S) : Qu’est-ce que l’Interruption sécurisée de la grossesse (ISG) ?
Mariam Nonguierma (M.N) : L’ISG est considérée comme sécurisée lorsqu’elle est pratiquée par une personne qualifiée, qui a des compétences et des informations nécessaires et tout, dans un environnement adéquat.
S : Au Burkina Faso, l’avortement est une pratique réprimée par la loi sauf dans certains cas (viol, inceste…). Que pensez-vous de la législation burkinabè en la matière ?
M.N : Selon l’Article 513-13 du Code pénal 2018 : « L’interruption volontaire de grossesse peut à tout âge gestationnel être pratiquée si, un médecin atteste après examens que le maintien de la grossesse met en péril la santé de la femme ou qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une maladie ou d’une infirmité d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic ». Et l’Article 513-14 d’ajouter : « En cas de viol ou d’inceste, si la matérialité de la détresse est établie par le ministère public, la femme enceinte peut demander à un médecin dans les quatorze premières semaines, l’interruption de sa grossesse ». La législation burkinabè est claire en la matière : si la femme se trouve dans un des cas cités, elle peut demander une ISG si et seulement si elle le souhaite. Mais la matérialité de la détresse doit être prouvée dans le cas de viol ou d’inceste par le ministère public (Procureur). Et, seul un médecin pose l’indication de l’ISG dans le cas de mise en danger de la vie de la mère, de malformation fœtale, etc.
S : Cette année, la journée mondiale de l’interruption sécurisée de la grossesse est placée sous le thème : « L’avortement en période d’incertitude ». Pourquoi, le choix de ce thème ?
M.N : Nous vivons un contexte mondial ou tout se bouleverse. Au Burkina Faso, c’est particulièrement une année de résilience avec des crises humanitaires, sécuritaires et sanitaires liés à la COVID/19. Dans le monde, les guerres, les changements climatiques, et les crises économiques ne donnent pas un visage reluisant de la situation. Le thème de cette année permettra de faire le bilan et voir comment rebondir avec ce que nous vivons.
S : Selon certains défenseurs des droits humains, l’interruption de la grossesse qu’elle soit sécurisé ou non est une atteinte au droit à la vie. Partagez-vous cette opinion ?
M.N : Chacun est libre de donner son opinion sur la question avec les arguments qu’il faut. Mais, il est nécessaire que les gens aient la bonne information sur cette question.
S : La contraception n’est-elle pas un moyen d’éviter ces grossesses contractées en ces périodes d’incertitude ?
M.N : Effectivement ! S’il y a grossesse, c’est que les prestataires ont échoué avec la contraception. D’où les sensibilisations et l’organisation des semaines PF qui sont régulières au Burkina Faso.
S : De nombreuses jeunes filles perdent la vie en ces périodes marquées par les guerres, les crises humanitaires, invasions…à cause des interruptions clandestines de grossesses. Promouvoir la contraception n’est-il pas une solution à ce drame dans nombreux pays du monde.
M.N : C’est l’idéal oui. La population en ces périodes difficiles doit être informée sur les questions de la Santé sexuelle et reproductive. Les cas légiférés doivent se confier aux services compétents et la communauté doit être mise à contribution pour la promotion de la Planification familiale.
Interview réalisée par
Abdel Aziz NABALOUM