La Côte d’Ivoire a célébré, ce jeudi 28 septembre 2023, la journée internationaledu droit à l’avortement sécurisé (Jidas 2023), à l’instar des pays du monde. A cette occasion, l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire (AfjCi), la Société de Gynécologie et obstétrique de Côte d’Ivoire (Sogoci), la Coalition actions contre les grossesses non désirées et à risques (AGnDR) ont réaffirmé leur ferme engagement en faveur du droit des femmes à l’autonomie corporelle, à la santé reproductive et au choix en matière de procréation. Mieux, Mme Blanc Agathe (AfjCi) et Mme Boni Donatienne (AGnDR) ont plaidé pour une domestication entière du protocole de Maputo et un renforcement du cadre juridique à travers une loi sur la santé de la reproduction.
Pour ce faire, ces structures ont mis en place le projet « Tous ensemble pour l’avortement sécurisé en Côte d’Ivoire » avec l’appui financier de Amplify Change.
Se prononçant sur ce que disent les textes de loi sur l’avortement sécurisé, Mme Blanc Agathe de l’AfjCi a indiqué que l’interruption volontaire de grossesse en Côte d’Ivoire reste interdite, sauf en cas de viol ou d’inceste, sur demande de la victime, se référant au Code pénal.
Selon l’enquête Pma 2020, 230 000 avortements sont pratiqués chaque année en Côte d’Ivoire, ce qui représente 4% des femmes en âge de procréer (15-49 ans). 6 sur 10 de ces avortements sont à risque car impliquant des méthodes peu conventionnelles et non recommandées.
Cependant, le protocole de Maputo adopté en 2003 et ratifié par la Côte d’Ivoire, a fait remarquer Mme Blanc Agathe constitue l’un des premiers cadres juridiques pour la protection des droits et des libertés des femmes et des jeunes filles en Afrique.
Dans ce protocole, l’avortement sécurisé est reconnu « en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère et du fœtus ».
Il faut noter que la Côte d’Ivoire enregistre une moyenne de 645 décès maternels pour 100.000 naissances dont 18% liés aux avortements non sécurisés.
Ces taux pourraient s’améliorer si le pays dispose d’une loi en matière de santé sexuelle et reproductive et les décideurs s’emploient en rendre conforme les dispositions du code pénal avec les dispositions de l’article 14 du protocole de Maputo, ont insisté les deux conférencières. « Nous militons pour que l’Etat de Côte d’Ivoire respecte son engagement et que le protocole de Maputo soit entièrement appliqué », ont lancé en chœur Mmes Blanc Agathe et Boni. Et de préciser qu’elles ne militent pas pour que l’avortement soit dépénalisé.